Thursday, 13 March 2014

Art urbain (1)

Space Invaders

On parle beaucoup de street-art. Un « collectif des 12 singes » (Je n’ai rien contre Terry Gilliam, mais ils n’ont pas du voir « La Jetée » de Chris Marker, pour se contenter de cette référence) recense les nouveautés au cours de balades « photograffiques ». Ils distinguent tag et graffiti, connaissent les noms des auteurs et comprennent leurs références et messages… Il faudra un jour faire un joli livre historique là-dessus. S’il y a bien d’affreux vandales qui dégradent les belles portes en bois ouvragées et anciennes, les auteurs de la plupart des graffitis et collages ont du talent, respectent le patrimoine et la propriété privée, et bien entendu gâchent moins l’image de la ville que les poubelles envahissantes et les bouteilles éparses.

Je préfère le terme d'art urbain, qui permet une distinction avec l'art de rue, plutôt festif et public. Théoriquement, l'art urbain serait apparu en France en mai 68, et aurait été officialisé début années 80, avec le soutien par exemple de agnès.b et du ministre Jacques Lang, avec le film d'Agnès Varda sur les murs de Los Angeles... Il se présente comme un mouvement autonome par rapport au tag et au graffiti, bien qu'il puisse recourir aux mêmes techniques (mais aussi au pochoir, à l'installation, au collage, etc.). Parmi les précurseurs ou grands anciens, citons Ernest Pignon-Ernest. Au début des années 80 apparaissent à Paris Speedy Graphito, Jérôme MesnagerMiss.Tic, et bien d'autres.

On ne traitera ici que des auteurs de quelques œuvres visibles à Montpellier! Miss Tic débarquera en 2017 avec la nouvelle ligne de tramway. En attendant, voici Invader, Loko, Al Sticking, BMX, Oré, Koralie & co. Je me contenterai d'une approche historique et explicative, bien que l'aspect juridique soit également passionnant. Pour celui-ci, reportez-vous en premier lieu à Wikipédia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Statut_juridique_de_l%27art_urbain_en_France

Invader est né en 1969 et a fait l'école des Beaux arts à Rouen. Ses "invasions" consistent à faire investir les murs d'une ville ou d'un site par ses créatures, des sortes de pieuvres (on y voit ce qu'on veut). Elles sont issues des personnages du jeu Space Invaders édité par Taito en 1978 - l'un des premiers succès de la console Atari. Ses petites mosaïques renvoient à la faible résolution des premiers jeux vidéo (pixellisation), voire au rubik's cubes (Invader se limite d'ailleurs à l'usage des 6 couleurs du cube inventé par Ernő Rubikou aux puzzles coulissants. La question est l'occupation de l'espace consacré au portrait de la créature, avec une dizaine de cubes accolés, mais aussi celui de la ville. Cette contamination de l'espace, ou propagation quasi virale d'envahisseurs, évoque aujourd'hui un hacking...
Les mosaïques sont assemblées préalablement à l'invasion, puis cimentées sur les murs. Elles sont photographiées et indexées par l'auteur, qui dresse un plan de leurs positions. A Montpellier, le plan de situation des space invaders forme sur la carte un space invader géant.
Les premiers envahisseurs ont été posés à Paris dans les années 1990. Depuis, Invader s'est attaqué à Los Angeles, New-York, Hong-Kong, Berne, Londres, Bangkok, Tokyo, Grenoble, Avignon... et à des monuments tels le Palais des papes, le musée du Louvre, le Centre Pompidou, les lettres géantes  "Hollywood" en Californie, et le président de la République française (sous forme de sticker sur la veste de Jacques Chirac, lors de la Foire internationale d'art contemporain de Paris en 2000).
Invader, toujours anonyme, aurait posé près de 3000 mosaïques.


Lolitas
Ca, c'est ancien... et disparu je le crains.
La demoiselle en petite tenue est de Miss Van (Vanessa Bensimon, née en 1973), qui a commencé au début années 1990. Références: les pin-ups rétro américaines, la Bd, comme celle de Vaughn Bodé...
La 'kokeshi' est de Koralie, née en 1977 à Montpellier et architecte de formation. Koralie a beaucoup de succès, en galerie, dans la mode, pour ses collaborations avec d'autres artistes... elle a délaissé l'art urbain. Elle nous aurait fait un joli tramway.

Follow the black cat?
Cherchez le chat...
J'y reviendrai! Je ne connais pas l'auteur ou les auteurs, mais la quête est d'autant plus ludique que parsemée de vrais chats.


Ci-dessous, souvenirs de l'exposition "Parcours" (20 Octobre 2012 au 6 Janvier 2013), organisée à l'initiative de l'architecte François Fontès dans une villa (12 "pièces", cave et grenier compris; 170 m2) du quartier des Arceaux. Al, Salamech et Smole étaient chargés de reconstituer pour tous publics le parcours du graffeur, des bancs de l'école à la galerie en passant par les cases toits, toilettes publiques, métro et prison. Très coloré et pédagogique! Gros succès...

PARCOURS, exposition rue Marcel de Serres: Al, Smole et Salamech
Parcours
Parcours
Parcours
Parcours
Parcours




Loko


Loko



Loko tague depuis un certain temps les poubelles-conteneurs du centre historique. Façon de donner une âme, et un aimable sourire, à ces horreurs débraillées et malodorantes.
La biche sème ses pochoirs...


La Biche
Pochoir

Intéressant, Al Sticking.
Il s'est largement affiché lors de la Zone artistique temporaire (ZAT) des Arceaux. Prenez ses personnages en photo si vous en voyez, ils ne restent pas. Il a réalisé des collages géants aux Halles Laissac, à Pierres Vives, rue Marioge, au JAM... Pour ses échafaudages nocturnes, appel aux amis et au "crowd funding" sur internet. 

Al Sticking & ?

Jolie installation de Buzz Arts en face de la faculté de Droit, pour alléger l'atmosphère... je crois avoir la même casquette (Tour de France 2013?).
Buzz arts








Les vélos muraux sont bien de BMX, ou Bé Aimé IXe. L'auteur est né en 1981, selon facebook, mais plus discret que ses vélos urbains. A vous de faire hypothèses et vérifications sur ses objectifs et son identité.

BMX
BMX



BMX

Originaire de Caen, Oré est arrivé début septembre 2011 à Montpellier pour y coller ses colorés Quetzalcóatl.  Le serpent à plumes apparaît également sous forme de stickers.

Oré


Les bittes de la rue des Sœurs noires...
Opération lancée par François Baraize fin 2004, et toujours d'actualité - préservation ou restauration des bittes... La municipalité de l'époque avait décidé de rendre la centre ville piétonnier et avait retiré les bittes qui empêchaient les voitures de se garer sur les 'trottoirs'... sauf celles de la rue des sœurs noires. Les riverains s'en sont donc emparés pour leur donner plus belle figure. Le coiffeur a fait un Barbouille chevelu, les élèves de l'école d'arts, des artistes confirmés (dont Bocaj) et d'autres s'en sont donné à cœur joie. Je regrette le chat roux, disparu...









Et...









Licence Hasch rencontre Tati...



Sawn & Polar


Ghassen Mimet




Bienvenue, Microclimax, 2013, peinture routière, 835x510 cm

Microclimax

Al Sticking

Les habitants aussi...


No comments:

Post a Comment