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Monday, 9 February 2015

Gems for chidren


According to uslegal.com, cultural rights are human rights that guarantee people and communities the freedom to access and participate in the culture of their choice. Cultural rights are the rights that are vested in groups of people in relation to their art and culture. It means the right to preserve and develop one’s cultural identity, as well as the right to protect endangered cultures. The USA don't look like their best advocates, with Disney, Pixar & co. Cultural imperialism (though one might argue about the cultural qualification) seems as destructive toward indigenous cultures as deforestation. It certainly takes advantage of fashion, conformism, and ignorance.

And, after all, what is a fashion? From the artistic point of view, it is usually a form of ugliness so intolerable that we have to alter it every six months (Oscar Wilde).

Wouldn't you like to show your kids some fresh, tender, clever, stories with no by-products?

Have a look...






Monday, 21 April 2014

Moumine


Ayant eu la chance d'avoir des amis islandais, j'ai découvert la famille Moumine à un âge idéal. Ragnhildur et Svana connaissaient déjà toute la série, voire les dessins animés, qui devaient bien être diffusés à la télévision islandaise hors jour d'écran noir... Il n'y avait pas de télévision un jour par semaine et les parents ne pouvaient acheter d'alcool qu'un jour par mois. Le gouvernement s'autorisait des mesures terribles aux yeux d'une petite française. Le plus étrange était l'adhésion collective, comme aujourd'hui aux interdictions de fumer ou à la disparition des maillots topless ou très échancrés sur les plages.

Nota: je peux m'exprimer de façon synthétique, je ne le fais pas parce que c'est mon blog, et parce que j'ai de réelles conversations avec mon écran.


Ragnhildur et Svana avaient des figurines de Moumine. Moi, j'ai eu les livres. Fernand Nathan les éditait dans sa "Bibliothèque internationale". Il s'agissait d'une belle collection de littérature d'enfance et de jeunesse, créée en 1968 par Isabelle Jan. Il y avait Catchpole Story (Catherine Storr), La petite maison dans les grands bois (Laura Ingalls Wilder), d'autres que j'ai lus et oubliés, d'autres que je n'ai pas lus à mon grand regret. Des livres d'auteurs de tous pays, classiques là-bas, inconnus ici. La collection fut dirigée par Isabelle Jan, puis Henriette Bichonnier, et disparut en 1993. Isabelle Jan était la nièce du philosophe Vladimir Jankélévitch, et la fille du fondateur du Musée national d'Art moderne de Paris. Elle est décédée en 2012. Je lui suis aussi reconnaissante de ces cadeaux, ces lectures précieuses, que je le suis à mes parents, aux auteurs, et aux amis islandais. L'identité des "initiateurs" a donné de la valeur aux livres, et ces livres maintiennent en vie, ou en mémoire vive, des relations adultes-enfants au cœur desquelles j'ai été.

Les livres se présentaient dans un étui de carton, comme ceux de la Pléiade. Les reliures étaient de carton épais, granuleux... J'ai gardé les étuis avec les livres; on avait l'impression d'entrer dans une maison en prenant le livre. L'impression d'entrer ailleurs était parfaite avec la série des Moumines, qui proposait justement d'entrer dans un autre univers. Je ne l'ai jamais retrouvée avec d'autres ouvrages, Pléiade ou pas. En glissant le livre dans son étui, je ne le protégeais pas de la poussière, mais des autres regards. Le sentiment d'appropriation était particulier, et partager l'un de ces livres était partager plus qu'un livre, un peu de soi. Les éditions ultérieures (en Livre de Poche, et surtout chez Nathan) sont assez laides.


Moumine le Troll est un petit-garçon troll, blanc, pelucheux, tout en rondeurs (nez, bidon), assorti d'une petite queue s'achevant en plumeau. Il est réservé, prudent, un peu distant, et cependant intense. Curiosité intense, affections intenses. Il vit dans une maison bleue qui n'est pas sans lui ressembler en hiver, couverte d'un énorme édredon (couche et couvertures ne sont pas des termes adéquats) de neige, avec des parents dont il est l'exact portrait en plus petit. Papa Moumine se distingue par son haut de forme; il passe des heures à écrire ses Mémoires, mais a vécu de grandes aventures et ne s'oppose jamais à en revivre si l'occasion se présente. Maman Moumine se distingue par son sac à main et un tablier. Elle est l'âme de la maison, le feu dans l'âtre, le génie domestique, l'artiste du jardinage... Elle ouvre sa porte à tous, laisse vaquer les enfants à des occupations éventuellement périlleuses, mais reste attentive; elle réconforte et encourage. Les enfants? Moumine est fils unique, mais la maison est ouverte à tous ses amis sans famille. Monsieur Snorque, qui se distingue de Moumine par des lunettes, et sa sœur Mademoiselle Snorque, qui se distingue par une frange et un collier ou un bracelet de perles. Snif, un croisement entre kangourou et souriceau, peureux, désireux de plaire à Moumine, et adorant tout ce qui brille. Renaclerican est un aventurier, qui n'hiberne pas mais part vers le sud avant l'hiver. Quand il joue de l'harmonica, sous son grand chapeau, on pense à Sergio Leone (allez comprendre pourquoi). Petite Mu est une petite peste, heu, petite sœur de remplacement. Les noms variant selon les éditions ou adaptations, je m'en tiens à ceux qui étaient retenus dans la Bibliothèque internationale. Tou-tikki est l'ami d'apparence la plus humaine et la plus androgyne. Il y a aussi l'émule collectionneur, le rat musqué philosophe, le magicien, l'effrayante Courabou qui glace ce qu'elle approche, le désagréable fourmilion, les hatifnattes, les filigonds et filigondes, boines, touilles et touillettes, demoiselles d'eau, esprits d'arbres, spectres marins... Tout ce petit monde vit dans une certaine autarcie et dans un émerveillement permanent. L'univers chatoie, surprend, étincelle. C'est excitant et rassurant, bref, follement plaisant.


Des dessins animés et un film (avec une chanson de Björk) ont été tirés de l'histoire. Ce sont d'honnêtes produits dérivés, mais les livres et leurs illustrations sont plus évocateurs et plus esthétiques. Il y a eu aussi des peluches, figurines, papeterie, literie, vaisselle, tabourets en carton... Il existe une Vallée des Moumines en Finlande, et un projet de parc à thème au Japon.
La France est curieusement passée, me semble-t-il, à côté du phénomène. La première aventure de Moumine, "Moumine et la grande inondation", date de 1945 mais a été traduit et publié tardivement. Les autres œuvres de Tove Jansson ont été traduites en anglais et dans une trentaine d'autres langues. Les Français ne se sont pas enthousiasmés pour les personnages de Tove Jansson. Peut-être fallait-il connaître des Scandinaves pour percevoir l'intérêt d'entrer dans ce monde si différent et fantasque. Il fallait savoir que les nuits blanches d'été existent, et que l'hiver est redoutable au point de vous donner envie d'avaler une ventrée d'aiguilles de sapin avant de vous mettre au lit jusqu'au printemps. A vrai dire, j'ignore ce qui pouvait être sans attrait pour les acheteurs ou lecteurs. J'ai été une lectrice prosélyte, et sans doute trop immature pour s'interroger sur d'éventuelles réticences de ses cibles. Lectrices, lecteurs, éclairez-moi.


Je me suis demandé, à l'origine, si Tove Jansson était un homme ou une femme. Façon de montrer sa double identité culturelle et linguistique, avec un prénom finlandais et un nom suédois? Pour conquérir le monde elle aurait pu utiliser son autre prénom, Marika... Mais non. Ce prénom était mystérieux! Je me suis convaincue, quelque temps, qu'il s'agissait d'un homme. Peut-être encore sous influence islandaise: le nom des Islandaises se compose du prénom de leur père suivi de -dottir (fille), alors qu'il est suivi de -son (fils) pour les Islandais. Finalement, je me demande s'il en a jamais été de même en Suède, en Norvège et au Danemark, et aussi quand dans ces derniers pays les patronymes sont devenus noms de famille...


J'ai découvert le visage de Tove Jansson sur des timbres, ou sur internet, ou sur une couverture de roman, peut-être "Le livre d'un Été". J'ai pensé qu'elle ne semblait pas finlandaise, qu'elle n'avait rien de balte ou de lapon; elle semblait sortir d'un film d'Ingmar Bergman. Une très jeune artiste très sérieuse issue d'une famille d'artistes chics et aimants. Une belle fille svelte sûre d'elle qui fumait en défiant l'objectif. Une femme sophistiquée avec ironie. Une créature de plus en plus souriante et lumineuse, en habit de pécheur sur sa petite île finlandaise, ou couronnée de fleurs. Toujours élégante et distinguée. J'ai du mal à imaginer qu'elle aie pu se projeter en Moumine, qu'elle aie été adulée par un Sniff, qu'elle aie admiré un Renaclerican, aimé une demoiselle Snorque... quoique... elle a pu se projeter en tous ces personnages. Mettre tel trait de sa personnalité en l'un, tel trait en l'autre... comme le rêveur lambda, qui s'éparpille entre les divers personnages de son rêve, et qui s'il y projette son image sera à la fois lui-même et son spectateur, censeur, professeur, ami, ennemi... il n'empêche qu'intuitivement, je la vois surtout partagée entre Moumine et Petite Mu.




J'ai été frappée d'apprendre que Tou-Tikki représentait sa compagne, mais c'est aussitôt devenu évident. Elles ont joué des apparences, des personnages qu'elles ont créé, sans forcément se cacher. Il faudra un jour traduire et éditer en France la biographie et l'autobiographie de Tove Jansson. On fête cette année le centenaire de sa naissance, ç'aurait été l'occasion.
Il faudrait se demander si elle a été l'une des sources d'inspiration, même secondaire, du roman en deux volets de Kristín Marja Baldursdóttir, "Karitas", et d'où vient cette tradition des femmes écrivains finlandaises, ou alors des trois que je connais (Tove Jansson, Sofi Oksanen et Johanna Sinisalo) d'avoir une telle intensité dans leur regard, et une image si impressionnante.

Tuesday, 18 March 2014

Livres pour chasser les cauchemars


Non, le livre ci-dessus n'est pas pour les enfants. Il vise plutôt à apprendre aux parents suspectés de manquer de l'autorité nécessaire au bien général à se prendre en mains. Moins vulgaire que le titre ne l'indique, en français comme dans son anglais original - Go the fuck to sleep.
La muse (sirène des pompiers?) de l'auteur répondait au doux nom de Vivien et avait deux ans lors de la genèse de l'oeuvre. L'auteur aurait du se méfier avant de donner ce joli prénom à la belle, l'expérience nous ayant donné à voir une autre Vivien incarner à la perfection (dons d'actrice ou rôles sur mesure?) cette chipie de Scarlett O'Hara et Blanche Dubois. Le prénom, ou l'adulation d'une chipie du Sud par Papa, joue forcément dans la construction de la personnalité.
Ceci dit, le livre n'aurait pas eu un tel succès s'il n'avait concerné que les parents de petits Brutus, Vivienne, Anthony ou Brigitte. Le petit individu qui essaie quasi-quotidiennement de me transformer en doudou géant ne porte aucun de ces noms.
Amusant: l'idée du livre s'est développée via Facebook.
Le livre a été un best-seller aux Etats-Unis avant de toucher le reste du monde. Le décalage entre fausse comptine mais vraie rumination exaspérée et images trop kawaii est assez irrésistible. Le texte a été lu par Samuel L. Jackson dans un audio-livre (audioguide?) réussi. Les sieurs Mansbach et Jackson se sont amusés à réaliser sur un mode similaire une pub de campagne pour la réelection de Barack Obama, "Wake the fuck up". Mr. Mansbach a par ailleurs publié une version douce pour enfants que j'aimerais vivement me procurer.

Pourquoi ces soirées éprouvantes, gâchées, ou infernales?
Pourquoi les nuits hachées menu?
L'enfant cherche un maximum de confort et de sécurité (dormir dans les bras, par exemple), refuse de s'abandonner aux bras de Morphée, cet étranger... Les parents épuisés travaillent ou réagissent dans un état semi-comateux, à moins que, sournoisement contaminés par les angoisses de l'enfant, ils ne préfèrent rester auprès de lui, au cas où...

La faute donc au monde, aux peurs enfantines, et pas seulement aux enfants pervers et aux parents lâches. Si l'enfant est un adulte en devenir, l'adulte héberge ou cache en lui un enfant. Chacun conçoit son rôle à sa façon. Certains parents se sentent responsables de l'enfant face à des parents suprêmes, autorité maritale, autorités (grand)parentales, lignée ou postérité, etc, à la façon d'un simple aîné; d'autres se croient responsables en tant que possesseurs ou dresseurs; ou par rapport à l'adulte futur, en tant qu'éducateurs. Respecter n'est pas se croire débiteur, se respecter n'est pas se croire créancier. Difficile de communiquer avec un jeune enfant, mais il faut bien lui accorder la présomption d'innocence et un peu d'intérêt, compatir aux douleurs de croissance, parler de ce qui fait peur et aider à trouver ce qui rassure.

Lorenzo Mattoti

Ilya Green

Les fantômes n'existent peut-être pas, mais les cauchemars et terreurs nocturnes, oui. Je ne suis pas même sûre de moi à propos des fantômes. Les enfants doivent percevoir des choses particulières, pour si facilement croire en leurs amis imaginaires, ou croire pouvoir voler, par exemple. Le mien a découvert le terme de fantôme avec un épisode de Saturnin, le caneton-facteur: Belette se déguisait en fantôme hantant un château pour y chercher un trésor en paix, la nuit; Saturnin comprenait aussitôt et la mettait en fuite en se déguisant à son tour. L'enfant sait qu'il n'arrive jamais rien de grave à Saturnin, il comprend tout seul et rit beaucoup... puis quelques semaines ou mois plus tard, déclare avoir peur des fantômes. Si ce n'était les fantômes, ce serait les monstres, le loup, ou autre chose. La peur de dormir seul prend des proportions terribles, le parent épuisé ou contaminé ne peut plus dormir non plus que s'il entend le souffle régulier du soleil de sa vie... les livres donneurs de leçons horripilent...

Mais reprenons étape par étape.



1) Nous instaurons des rituels.

D'abord un livre à trou pour tous-petits, publié en 2010 par Benoît Marchon et Soledad Bravi. Le visage de l'enfant est inséré, au fil des pages, dans un chou à la crème, sur un oiseau (bonne nuit mon oiseau des îles, bonne nuit ma colombe, bonne nuit mon canard...), une crevette, un soleil, etc.




Grand classique américain datant de 1947... un livre pour saluer le monde et s'enfoncer dans le sommeil 'en pleine conscience'... par loin du training autogène!
La personnalité et la vie trop brève de Margaret Wise Brown (pseudos divers, liaisons variées, dont une longue histoire avec l'ex-femme de John Barrymore, une belle cougar avant l'heure, ou des fiançailles avec un Rockfeller...) ont certainement tout autant fasciné que par ses œuvres. 




Un grand succès britannique, publié en 2002. Le roi, toujours pressé, envoie un soir à son petit prince un baiser-papillon qui, au lieu de se poser comme dû sur la joue du destinataire, sort par la fenêtre. Affaire d'Etat. L'on envoie le plus fidèle chevalier du royaume à la poursuite du baiser voyageur. Aucun ingrédient utile n'est omis dans ce joli conte - l'humour compris.





2) On menace, on se fâche.

Jeanne Ashbé est l'auteur et illustratrice d'une cinquantaine de livres pour jeunes enfants, dont beaucoup ont été traduits et couverts de prix ici et là. Elle narre ici la révolte d'un couple contre le biberon de mi-nuit, en expliquant aux petits anges que le petit déjeuner viendra à point, et qu'il est plus agréable de partager un bon moment que d'imposer des corvées...
Bémol: elle ne dit pas que faire en cas de maux d'estomac ou crampes nocturnes, entre autres ennuis.




L'enfant est plus grand chez Pascale Bougeault, mais les parents ressemblent beaucoup à ceux du livre de Jeanne Ashbé. Ici, Louis ne veut pas dormir dans son lit. Celui de ses parents est plus chaud, plus doux, plus grand (quand on a poussé les autres résidents dans les coins)... Les autochtones se révoltent. Louis n'a plus qu'à trouver la Force, en bon apprenti Jedi (j'en rajoute, mais il y aurait à écrire sur les padawans qui choisissent le côté obscur).




Je parie que du café coule dans les veines du père du petit monstre de Mario Ramos. Un grand classique depuis 1996, avec une bonne chute: le petit monstre n'est pas bête du tout!




3) On délègue.

Les 3 histoires de ce recueil sont adorables, mais la première est particulièrement bonne à faire lire par les grands-parents, chez les grands-parents. Titre original: What's that noise? Texte de Francesca Simons (une ex-médiévaliste américaine), illustrations de David Melling.





4) On suggère des solutions:

Mercer Mayer est un spécialiste.
Entre autres ouvrages, cet Américain a publié There's a Nightmare in My Closet (1968), There's an Alligator Under My Bed (1987), There's Something in My Attic (1988). Il délivre à travers cette trilogie de précieux conseils afin d'aider les enfants déterminés à lutter contre le monstre du placard, l'alligator sous le lit ou le cauchemar du grenier. C'est "Monstres et compagnie" avant l'heure.
Les critiques anglophones, dont l'influent James Woods, ont comparé ces livres à Max et les Maximonstres en faveur du dernier. Les parents n'en ont fait qu'à leur tête, et l'histoire du monstre du placard a connu une quinzaine d'éditions et rééditions aux Etats-Unis...





Le grand classique...
Publié en 1963 aux Etats-Unis, en 1967 en France, sans cesse réédité, couvert d'honneurs (Caldecott Medal 1964, etc.), adapté à l'opéra, en dessin animé, en ballet, et bien entendu au cinéma.
Objet: ne pas craindre les monstres, les apprivoiser (à défaut de les civiliser, ce qui serait sans aucun intérêt).  



5) On explique la nuit...

Yvan Pommaux, qui a publié depuis 1972 de nombreux ouvrages pour enfants et jeunes adolescents, garde toute son originalité. La bande dessinée l'a visiblement influencé: ligne claire pour le dessin, séquençage voire cases dans les albums destinés aux plus grands... Il rend souvent hommage aux grands films classiques (Le grand sommeil, John Chatterton détective...). Ses héros sont souvent des animaux humanisés, et les chats sont particulièrement intéressants. Cette aventure d'un jeune chat, lorsqu'il décide pour la première fois de sortir seul la nuit, peut représenter le sommeil, les rêves, les cauchemars. La nuit d'un petit homme n'est pas, non plus, un long fleuve tranquille. Il y a des angoisses, des plaisirs, des surprises, des dangers, mais dans tous les cas quelqu'un veille sur le héros...




6) On s'interroge, on interroge...

Que fait l'enfant pendant qu'il dort, à quoi pense-t-il, où est-il?
Qu'est-ce qui le trouble, qu'est-ce qu'il rejette, qu'est-ce qu'il redoute?
Proposer des images pour faire formuler le diffus ou l'impensé peut aider... l'adulte à identifier les craintes, l'enfant à mettre de la distance (Alice, Blanche-neige, Moumine vivent dans leur monde, de l'autre côté de la page, et leurs aventures sont leurs aventures).

Anthony Browne

Charles Santore

Tove Jansson

Pour Hans Christian Andersen, ‘The Little Mermaid’: Jiri Trnka 1959

Jiri Trnka 1959

Un livre ouvert, à ressentir et interpréter: le Masque (Stéphane Servant et Ilya Green). "Petit frère" trouve un masque et le met. Il commence alors à se transformer, avec plaisir dans un premier temps, puis malgré lui. Il fait peur, il fait mal, on ne le reconnait pas. Il a perdu son identité et sa place. Grande sœur le délivrera du masque...
Dans les rêves ou les cauchemars, on projette quelque chose de soi dans chaque personnage, et pas seulement en celui qui nous ressemble ou porte notre nom. Si l'on se projette avec la même intensité en plusieurs personnages, qui est-on? Se voir être ou agir, c'est effrayant. Le Masque est un livre très intéressant, mais autant le lire soi même puis avec l'enfant, en lui proposant une interprétation, avant de le lui laisser!







7) On promet que le jour reviendra, avec une conviction renforcée par une longue habitude...

La petite héroïne de "Réveillés les premiers" profite bien de la situation. Elle partage le monde avec le chat et veille sur le sommeil de ses parents et de sa sœur. Elle est responsable et autonome, mûre pour ce grand cadeau: un moment rien qu'à elle.

Réveillés les premiers, Komako Sakaï


Encore une histoire ! De 0 à 3 ans.




Rien n’est innocent. Lisez le Monde, vos enfants vous prendront pour un mandarin inaccessible, retiré du monde physique. Lisez des magazines féminins ou de décoration, ils s’en imprégneront pour essayer de vous plaire. Regardez la télévision, ils en tireront des terreurs pas seulement nocturnes, et l’instinct de combattre pour la télécommande. Ecoutez de la musique, ils hurleront ou s’effondreront car vous ne les entendez pas.

Lire des histoires s'impose. Et là se posent les problèmes de choix qui pèseront sur toute une vie, voire sur toutes les générations qui seront issues de vous. 
Se centrer sur un type de dessin, personnage, un monde unique bien balisé et un archétype-ami, Tchoupi, Arc-en-Ciel, Barbapapa, Babar, Elmer, Trotro, Caillou, Cars, jusqu'à ce que l'enfant soit blasé? Le risque est d'être soit-même blasé d'avance et de le faire sentir.
Élargir le champ dans certaines limites, avec des rituels: le magazine mensuel et ses 4 historiettes, une visite à la médiathèque, des bébés lecteurs (qui ne reverront jamais le livre aperçu - s'ils n'étaient pas obnubilés par l'observation de leurs voisins, la manipulation des coussins ou les instruments utilisés entre 2 lectures)?
Prendre ce qu'on reçoit (avec le mystère des pages manquantes!) et suivre les conseils des libraires?
Acheter tous les ouvrages d'un auteur dont un livre a plu?
Qui a le temps de lire avant d'acheter?
Et si on le faisait, est-ce que ça plairait aux enfants?

Je livre mon palmarès, incomplet, sûrement injuste, etc (que disent les jurés du festival de Cannes?).

Inévitable pour commencer: un imagier à toucher. Au début, on aime surtout la double page vie des bébés (coucou, caché, et bisous de maman...).





Tout simple, et magique... on fait apparaître le vêtement ou accessoire en rabattant une page découpée sur une page d'une couleur...




Préparez-vous, parents, la peur du loup est considérée comme nuisible par les auteurs, éditeurs et enseignants (jusqu'à ce que les enfants se lancent sur les réseaux spéciaux et qu'on cherche comment les mettre en garde contre les pédophiles sans entrer dans les détails). Voir Chapeau rond rouge, ou le loups sentimental... C'est drôle, mais surtout pour qui a déjà lu le texte intégral du Petit chaperon rouge et la Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim. On commence à prêcher la cause du loup auprès de tous jeunes 'lecteurs', mais la position pro-loup est modérée: le loup rencontré est un bébé, son père un pêcheur (et non pécheur) infortuné, de toutes façons les loups aiment aussi leurs enfants (libre citation de Sting). Notez que je n'ai rien contre la réintroduction du loup en France, je le préfère aux pédophiles, aux djihadistes, etc.




Pas mal quand on commence à diversifier l'alimentation!




Très important: les livres musicaux. On penserait avant d'essayer que le prix est exorbitant, mais pas du tout, c'est plus qu'un livre pour un tout petit pour lequel trouver le déclencheur est un énorme progrès... Bonne collection.






 Jolie collection pour parents aussi: les couleurs, les formes, etc...




Non, Claude Ponti ne plait pas qu'aux parents. Le Bébé bonbon et les Épinards sont vraiment tous publics.






Très cha(t)rmant. Un enfant veut embêter son chat, ne le trouve pas, imagine des cachettes improbables, le chat lui manque... A 2 ans on ne comprend pas encore toutes les bêtises que souhaite faire l'enfant, c'est peut-être aussi bien, mais l'essentiel (déception de ne pas trouver, plaisir de chercher, affection, etc.) est tout à fait saisi!




Merci Hélène... Toujours dans la catégorie livre à volets, ça a très bien marché depuis le début. On en est encore à "un cheval, des chevaux", "la jument, le poulain", mais bientôt on nommera le ma'écha' fe'and.



Très riches saisons... on y passerait des heures, voire la nuit, et l'intérêt ne faiblit pas: il y a toujours à apprendre. Pour chaque saison, on suit la vie des mêmes personnages (bipèdes, quadrupèdes et ailés pour l'essentiel) dans des environnements identiques et changeants (la grande maison, le chemin de la ville, la gare, le centre historique, le grand magasin, le lac du parc...). On cherche aussi le perroquet...





 Très joli et poétique, mais un peu abstrait...




Superbe album, très utile quand on sait pas expliquer pourquoi on fait la fête ou pas pour le nouvel an... Vois-tu poussin, c'est censé être l'anniversaire de la circoncision d'un monsieur dont je ne pense pas qu'il ait existé historiquement, et en outre ceux qui le pensent ne sont pas sûrs du mois ni de l'année de sa naissance... mais c'est la tradition un peu partout dans le monde de faire des fêtes quand les jours sont les plus courts et se remettent à rallonger. Je te parlerai un jour du nouveau Hélios. On considère qu'un nouveau cycle commence, et on le célèbre. Voilà. Avec de beaux habits en Corée. Tu as de la chance d'habiter ici, là-bas tu devrais savoir faire des nœuds.



Pour le 2e printemps, après les Saisons et la neige coréenne, on peut aussi attaquer les premières découvertes de Gallimard... Non mon chou, c'est le prrrrrintemps, pas l'été, tu ne mets pas ton T-shirt au tigre (ne pas dire qu'il est trop petit), ni d'ailleurs tes après-skis... Non mon loup, on n'a pas de glaces... C'était ça plutôt que les albums de Anne Crausaz, trop épurés pour mon loustic (on réessaiera avec "J'ai grandi ici").



Anne Crausaz

Très bien, les Cherche et trouve. Je ne distingue pas encore couscous et coati, ni crocodile et caïman, mais Junior se moque de moi si j'appelle dromadaire un chameau. Nous avons bien sûr commencé par un Cherche et trouve à la crèche. Nous grandissons.