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Tuesday, 15 July 2014

Fred and the pretty women

Procrastination: I have to write a page on an historical topic, and another on a painful historical/political topic, plus administrative files to prepare. I wouldn't be efficient on those matters. Let's be efficient on other matters, with the hope it will be stimulating and spare me lots of guilt. Life is a fight!

Who is Fred?
Not Frédéric Othon Théodore Aristidès, though he was one of my favourite authors. It is an extremely tragic, for non french-speakers, that his books have not been translated in foreign laguages. But pretty women were not central in his work. They are much more present, often as a kind ok klimtian mermaids, in the paintings of Frédérique Dupuis, a young woman who certainly deserves success.

Frédérique Dupuis paints, draws and teaches. She has no time left to keep her website alive, but you can find her at a virtual adress corresponding to a collective workshop and exhibition place: En Traits libres. She studied arts in Lyon, at the Emile Cohl school. There should be an english version of the site, as well as a japaneese one, but in Summer, workers tend to lack coordination. This school fights against the disparition of drawing as a way of representing the world. Good idea indeed... In french schools, drawing is nowadays called graphism, and it is reduced to a specifically childish way of representation and a playfull way to teach how to use a pen, as an introduction to writing. Just a step on the evolution of the computer-user. Drawing is turnt into a rather useless hobby. There is a great drawing collection in Montpellier, which belongs to the Medecine Faculty. Run there if you love art enough not to be scared of being called elitist: Musée Atger.

Frédérique Dupuis published 2 children books, tender and sweet. I personnally prefer, as a grown-up, her paintings.

En traits libres






Sunday, 25 May 2014

Mères, Mort et Livres

Ce matin, feuilletant chez des amis un très beau recueil de poèmes, j'ai été frappée par des vers sur la mort approchant, la mort se faisant. Il s'agissait d'un livre de Matiah Eckhard-Elial, "Lointains chants sacrés d'où je suis né" (éditions Euromédia, 2014... illustré de sept peintures d’Angela Biancofiore). Matiah: poète sensible, excellent musicien, et tout jeune homme récemment enlevé aux siens, à la vie, à l'art, à l'avenir. Son livre était présenté à la Comédie du Livre sur le stand de la librairie Scrupules, et un concert en son honneur a eu lieu hier soir, à Prades, avec le Freemind Orchestra.

Ce matin, deux personnes de ma connaissance se sont éveillées sans mère. Un jour de fête des mères. Là, je me fiche bien de savoir que c'est une fête pétainiste (selon Côme de Grandmaison (comment rater sa vie avec un tel nom?), dans Le Point, ""Ta Maman a tout fait pour toi... Le Maréchal te demande de la remercier gentiment." Ce slogan inscrit sur des affiches placardées peu avant le 25 mai 1941 a contribué à tromper l'imaginaire collectif. En réalité, le régime de Vichy n'a pas inventé la fête des Mères, il l'a simplement institutionnalisée en l'inscrivant au calendrier officiel. Ouf !").
Je pense à elles, à leur père...
Ces deux personnes sont trop jeunes pour avoir connu ma première amie de jeux, dont elles auraient été les cousines. Cette amie n'a fait qu'un bref séjour parmi nous, mais m'a tant manqué que mes doudous et amies imaginaires ont porté son nom un très long temps, à l'échelle de ma vie alors. Et voici que je trouve ces mots que j'aurais alors pu faire miens, pages 28-29 du roman "Le cœur de l'homme" de Jón Kalman Stefánsson: "Le gamin hésite et finit par déclarer, donc, vous n'avez pas retrouvé Hjalti, il ose enfin poser la question, car les gens restent en vie tant que nous ne la posons pas, ils sont protégés par le silence, ensuite, quand nous nous mettons à parler, quelqu'un meurt". Le contraire de ce qui peut se passer après, quand la mort est reconnue à défaut d'être acceptée, et qu'il faut éviter qu'ils ne tombent dans les "poubelles de l'histoire" (Serge Klarsfeld).

Aussi nombreux que nous soyons, les fantômes sont plus nombreux.
Déjà, chacun de nous a plusieurs fantômes, et les fantômes sont personnels. Ce sont les êtres invisibles d'autrui avec lesquels on entretient des relations diverses, nostalgie, imitation, amour, détestation. Des projections imposées, des alter-ego... Si le fait d'être fasciné par le surnaturel a quelque chose de malsain (ah, ces histoires de chasseurs de fantômes et de chercheurs d'horrible qui passaient à la télévision... sans regret! Quelle décadence par rapport à la Quatrième dimension!), être conscient de ses limites est plutôt honorable. La vérité n'est pas forcément ailleurs, la vie n'est pas forcément un rêve, mais si d.ieu existe je suis certaine que nul ne peut appréhender son essence, ni lui donner un sexe, ni connaître sa volonté, ni jouer à le provoquer. L'"âme" ne disparaît peut-être pas avec la mort cérébrale, peut-être se dissout-elle dans l'éther. Le "peuple invisible", les elfes et les trolls, les fantômes des causses, cristallisent aussi, à leur façon, plus que de simples fantasmes ou peurs, ou que la nuit et le brouillard. Les mythes cévenols sont trop proches pour m'attirer, les histoires de fées et lutins sont trop "kawaii"...
Non, restons-en aux mythes et légendes scandinaves, en évitant le détour hystéro-hitléro-wagnérien (Walhalla & ss), le détour hard-rock, le détour métal, le détour gothique... La survie du vieux fonds animiste est peut-être liée à la longue nuit d'hiver, aux tempêtes de neige, à la dépression saisonnière, aux vapeurs d'alcool, elle est aussi jolie, et pas si sotte, en ce qu'elle nourrit l'idée d'un univers partagé, et à partager; de droits à respecter; d'une planète où l'homme n'est pas roi.
Depuis deux millénaires au moins, il semble qu'on balance entre fantasme de la raison toute-puissante (Haut-empire romain, renaissances et siècle des lumières) et soumission fanatique mais tout aussi triomphante à l'irrationnel (bûchers, massacres, inquisition, guerres de religion, nazisme, etc.). Ce n'est pas cyclique, tout est plus ou moins simultané. Dans tous les cas, l'empathie et le respect sont exceptionnels. Entre autres crimes quotidiens, agressions et meurtres antisémites ce week-end en Belgique, à Créteil, en Tunisie. L'humanité est malade, même sans OGM et gluten.

La littérature scandinave nous ferait oublier ces maux lorsqu'elle n'en traite pas, nous permet de prendre de la distance quand elle en traite. Les images, les symboles, les représentations, les codes sont neufs. C'est presque les "Lettres persanes"... Tiens, une mythologie peut inclure sa fin (Ragnarök - Richard Wagner et les idéologues nazis n'étant pas les seuls experts autorisés); tiens, ces gens vivent dans un monde "habité" et cohabitent; tiens, les trolls ne sont pas forcément des démons ni les elfes des fées; tiens, sont-ils moins monothéistes que les lecteurs d'hagiographies? tiens, qui sont donc leurs ennemis?

La Comédie du Livre s'est terminée.
Le meilleur cru depuis longtemps. L'édition consacrée à la littérature britannique était réjouissante, mais l'abondance cette année non seulement de bons auteurs, mais d'événements autour du livre, la transforme positivement. Ce n'est plus un simple "événement commercial" patronné par la mairie. Les conférences et expositions avaient de la tenue, il était intéressant et instructif de faire participer les étudiants, malgré les questions interminables qu'ils voulaient faire traduire, avec Radio-Campus, les ateliers de dessin pour enfants semblaient fort passionnants... L'exposition de photographies des Boutographies a aussi certainement profité de la Comédie...

Seuls petits regrets: les Islandais semblent plus aguerris pour faire face aux étendues solitaires de leur île qu'à un marathon intellectuel mondain. Je ne voulais lire "L'Exception" d'Auður Ava Ólafsdóttir que dédicacée par l'auteur. Elle devait faire sa seconde séance de dédicaces en 3 jours en début d'après-midi. Au lieu de quoi, après un brunch à la Panacée auquel j'ai renoncé pour raisons associatives et familiales, elle a repris l'avion pour le nord.
Je n'ai pas vu davantage Arnaldur Indridason, caché par la foule de fidèles, et enfui sitôt libéré.
Non plus que je n'ai pu prendre de café avec un excellent traducteur et spécialiste, ni avec un excellent libraire et spécialiste. Ce n'est pas tout mais je m'en tiendrai là. Michaël, je me plaindrai directement :-)
Ces déconvenues m'enlèvent quelques scrupules... jamais, autrefois, je n'aurais osé prendre autant de photographies et les publier sur un blog. Cette fois-ci, bah, il fallait que je m'occupe.


Johanna Sinisalo, éditrices, traductrices et étudiantes...
Johanna Sinisalo, éditrices, traductrices et étudiantes...
Sara Lövestam, Johanna Sinisalo...
Sara Lövestam, Johanna Sinisalo...
Jean-Claude Carrière
Laure Leen
Stian Hole
Stian Hole
Ptiluc
Eric Fottorino
Katarina Mazzetti
Herbjørg Wassmo
Herbjørg Wassmo
Atelier BD avec Joanna Hellgren
Bergsveinn Birgisson
Árni Thórarinsson

Sunday, 20 April 2014

L'à-part'-ité

Mépriser la "bande dessinée" est devenu, ou est toujours, une attitude rétrograde. Tintin, Lucky Luke, Astérix, Pif, Superman et les mangas sont divertissants mais n'enseignent rien? Vous les avez mal lus, vous ne les avez pas mis en relation avec les éléments pertinents, vous n'avez pas regardé autour. Vous avez agi comme un automobiliste longeant un territoire peuplé de dodos, qui ne leur aurait accordé qu'un coup d’œil fugace et les aurait considérés comme de drôles de moineaux susceptibles de le distraire de la route.
Leo, Aldébaran

Je le concède, le goût de la bande-dessinée est marginal. On ne peut apprécier ni déprécier cet intérêt hors normes, mais... l'analyse n'est pas scientifique, la passion est déraisonnable, personne ne connaît d'encyclopédie universelle de la BD... le goût de la BD est même assez kitsch, comme celui du rock'n roll. Le goût de la bande dessinée n'est pas élitiste, malgré le coût actuel des ouvrages, mais il est vu comme une lubie passagère de lecteur, journaliste ou classe d'âge. Les ouvrages ambitieux sont considérés comme prétentieux, ou de vulgarisation populiste. Ce mépris de la bande dessinée touche au rejet: méfiance!
Au temps de Botchan

La bande dessinée ne serait destinée qu'aux enfants, aux adolescents et pseudo-adolescents et aux tout-jeunes adultes?
Jurez que la lecture d'Astérix ou de Tintin n'a pas façonné/influé sur votre image des Bretons, des Corses, des Suisses, des Belges, des Espagnols, des Tibétains, des Japonais (etc.). N'avez-vous rien appris sur la préhistoire à travers "Rahan"? Est-ce que vous comprenez toutes les subtilités de la Rubrique-à-Brac à la première lecture? Pffff.
Gotlib, la Rubrique à Brac
Fred, Philémon


Voici quelques pistes pour soigner votre affection.

1) Un mémoire de recherche sur Philémon, de Fred: Philémon et la Phonétique, Philémon et Oedipe (ou autres histoires, mythes et légendes: Noé, Jason, Faust, etc.), Philémon et l'histoire (du passé au futur), Philémon et Alice, Philémon et Dorothée et le Magicien d'Oz...

2) Une thèse sur la Rubrique-à-Brac: Rubrique-à-Brac des contes de fées (sur le modèle de Psychanalyse des contes de fées), Gotlib et Newton, la Coccinelle; ou sur des sujets tels: de Gotlieb à Gotlib, Hamster Jovial et Pervers Pépère, l'euphorie citationnelle, l'astéroïde Gotlib...

3) Des articles, colloques et conférences:
- Gotlib et Goscinny,
- Gotlib et Orson Welles,
- De Nakazawa (Gen d'Hiroshima) à Spiegelman (Maus): correspondances secrètes.
- De Gen à Maus, le traitement du deuil.
- De Gen à Maus, faire comprendre l'horreur.
- De Gen à Maus....
- De "L'histoire de France en Bandes dessinées" à "Au temps de Botchan",
- L'influence de Taniguchi dans la perception occidentale de l'Histoire japonaise,
- L'importance de Taniguchi dans l'étude des Lettres japonaises en occident,
- Eric Shanower, d'Oz à Troie
- Les sources de Shanower,
- Shanower, la Floride et l'âge de Bronze,
- Eisner, Ignatz & Shanower: étude comparative.
- Shanower et Moebius,
- Shanower et la LGBTQ,
- Fantagas (Carlos Nine) et le roman noir américain: la spécificité latino-américaine,
- Fantagas et les dictatures,
- Le pastel, de Degas à Carlos Nine,
- Manara, Histoire érotique et érotisme de l'Histoire,
- La réception en Europe de "Cancer in the City" - mode, médias et roman graphique
- Du vitrail à la bande-dessinée: BD et catéchisme...
- La musique en BD: rébétiko, tango et blues,
- Léo l'écologiste,
- Les enfants de Léo,
- Les collaborations de Jodorowski: mutilation et contagion,
- Comès, les métamorphoses du narrateur,
- Noir et blanc, blanc et noir: Tardi et Comès,
- La Bande-dessinée hispanophone et la liberté politique,
- Architecture et urbanisme chez Schuitten et Peeters, Bézian et Mazzucchelli,
- Corto Maltese, le Juif errant?
- Trois écrivains au cœur des ténèbres: Joseph Conrad, Robert Silverberg, Hugo Pratt.

Corto, Hugo Pratt
Milo Manara
Carlos Nine, Fantagas

Les noms suscités étaient supposés guider une première recherche, si besoin.
Vous n'avez rien cherché?
Retournez à la case départ.

L'Histoire de France en BD, Larousse

La bande dessinée EST pédagogue. Elle est évidemment aussi dangereuse; d'autant
plus qu'elle échappe aux académies et s'adresse à nos facettes marginales et égotiques. J'aurais tendance à ranger Joe Sacco dans le bas-de-gamme et Manara dans le haut-de-gamme, mais en fait tout dépend de ce qu'on en fait, c'est à dire de l'éthique du lecteur, de son choix de modèle, Spinoza ou Médiapart.

Gen
Maus
Shanower

Illustrons.
Nul ne peut brasser l'ensemble de la bande-dessinée francophone (désolée, séparatistes et nationalistes, les grands de la BD ont écrit en français), anglophone ou nippone.
Par contre la bande dessinée israélienne est quantitativement limitée mais diverse et qualitativement estimable: un tour d'horizon est possible... à condition de ne pas confondre judéité et nationalité. Chez Sauramps on trouve Isaac Bashevish Singer (écrivain américain d'origine polonaise ayant écrit en yiddish) sur l'étagère de la littérature israélienne, au dessous de l'étagère consacrée à la littérature maghrébine, proche et moyen-orientale. Pourquoi pas aussi Paul Auster, Philipp Roth, Norman Mailer, voire Umberto Eco (pour son étude sur superman et le golem), Albert Cohen, Stephan Zweig, etc. Au rayon BD ce serait ennuyeux, Israël annexerait la moitié ou les deux tiers des Comics, les meilleurs Astérix et la Rubrique-à-Brac, la Belgique (sauf scission), la Côte d'Ivoire (Aya de Yopougon...) et le Québec prendraient le reste de la BD francophone, sauf Persépolis, dont les diverses éditions rempliraient le rayon perse... Certains n'y trouveraient qu'un inconvénient: le problème de parité avec la Palestine. La mise au pilon, moderne autodafé, déplairait aux militants professionnels (droits des arbres & co), qui auraient préféré qu'on n'édite pas d'Israéliens, voire de juifs.
Non je n'exagère pas. Voyez la question que pose rue 89 / le Nouvel observateur en fin d'article sur "une nouvelle génération hyperactive d'auteurs israéliens": "Et les auteurs palestiniens?". Le journal aurait visiblement voulu en inventer faute d'en trouver, et cite Cartooning for Peace de Plantu (sans s'interroger sur les rapports entre roman graphique et caricature, entre caricature et liberté politique, entre liberté politique et éducation politique), Guy Delisle et le Liban et l'Egypte. Ces derniers comme auteurs - porte-parole plutôt que comme simple éditeurs, d'ailleurs, mais c'est assez confus.
Si vous pensiez que le journalisme consistait à communiquer et analyser des informations, détrompez-vous, il se passe très bien d'informations et d'analyse.
Rutu Modan

La BD israélienne, comme la littérature israélienne en général, sont facilement réduites par les esprits étroits à des thèmes supposés irréductiblement israéliens. Le terrorisme, le service militaire obligatoire, l'orthodoxie. Pas question pour certains de lire Ferme 54, de Galid et Gilat Seliktar, sous un autre angle que politiquement orienté & dirigé (la noyade du petit frère dans la première partie sera en ce sens interprétée comme métaphore politique, l'enfant victime de négligence est Ismaël, forcément). La BD américaine s'intéresse à Israel (Sarah Glidden)? Elle est assimilée à la BD israélienne. La BD israélienne s'intéresse à la Shoah (Rutu Modan)? Israel "instrumentalise" l'holocauste. Asaf Hanuka souffre de troubles anxieux? La psychanalyse est "une invention juive", ni Jung ni Onfray n'étant parvenus à la "laïciser".
Personne ne va contrer ces inepties. C'est la conviction contre la complexité du réel.
Asaf Hanuka, KO à Tel-Aviv

Trois livres à lire:
- Comment comprendre Israël en 60 jours, de Sarah Glidden: une jeune juive américaine plutôt pro-palestinienne se rend en Israël pour chercher des confirmations... et n'en trouve pas.
- La Propriété, de Rutu Modan: une vieille femme se rend accompagnée de sa petite-fille à Varsovie, où elle n'est pas retournée depuis 1939, pour chercher, officiellement mais non réellement, à faire valoir ses droits de propriété sur l'appartement de ses parents assassinés par las nazis. Les deux héroïnes trouvent tout autre chose qu'attendu. Une immense délicatesse de sentiments. Le lecteur mal-intentionné n'en tirera qu'un ou deux arguments pour nourrir ses idées sur l'avarice juive.
- K.O. à Tel Aviv, d'Asaf Hanuka: le malaise de l'homme moderne - pertinent, sombre et drôle. Ceux qui voudront utiliser ce livre au service de préjugés anti-israéliens ou antisémites seront obligés de tout lire et d'oublier pas mal de choses, mais on ne doute pas qu'ils ne puissent le faire.
La Propriété, Rutu Modan

Ces lectures devraient être assez convaincantes.
Ce sont des "romans graphiques" profonds, riches, adultes. Ils ne se suffisent pas à eux-mêmes, une culture, une connaissance du contexte sont nécessaires. En complément de ce que j'ai écrit sur les préjugés néfastes... il faut lire un autre ouvrage d'actualité, un roman non graphique: "le problème Spinoza", d'Irvin Yalom, et il faudra lire "la question Finkler", de Howard Jacobson (pas près de sortir en édition de poche, cependant). Les deux interrogent sur les racines de l'antisémitisme et son apparente nécessité dans l'histoire humaine, avec intelligence, lucidité, esprit. On s'agace souvent de lire les romans de Yalom avec délectation pour les oublier instantanément une fois terminés. Le fait est qu'il s'agit de vulgarisation, d'un optimisme artificiel et forcé, que le brillant Irvin sélectionne les éléments en fonction de ses idées et ne laisse finalement guère de place au questionnement du lecteur. Ses personnages sont en général des émanations de lui-même... mais Spinoza et Rosenberg, finalement, le renvoient à ses limites: en cela ce roman semble meilleur que les précédents. Il est plus fouillé et plus humble: Yalom n'interprète pas Spinoza, il le cite; il ne le résume pas, il dépeint le contexte. Il ne psychanalyse pas Rosenberg et montre les intelligences achopper sur sa personnalité et sa dangerosité. Il conserve une approche psychanalytique, mais il n'est plus l'accoucheur de ses propres idées en autrui (superficiellement). C'est beaucoup plus intéressant.
Comme il est intéressant d'apprendre que les juifs ashkénazes ont été forcés au siècle des Lumières d'adopter des noms allemands (et ce moyennant finances), que l'excommunication de Spinoza n'obéissait pas qu'à des raisons religieuses, mais aussi ou surtout à des raisons politiques, puisque les juifs n'étaient collectivement tolérés à Amsterdam au XVIIe qu'à condition de respecter, individuellement, des conditions plus ou moins implicites, comme: ne pas mettre en cause les dogmes chrétiens - ce que faisait Baruch en affirmant que D. était Nature, que le pentateuque était oeuvre humaine, que les miracles n'en étaient pas (littéralement), qu'il n'y avait pas de vie après la mort, etc. 

Ces histoires, graphiques ou pas, traitent implicitement d'autres questions: qu'est-ce qu'être Juif, et pourquoi vouloir être Juif, dès lors que cette singularité voulue et assumée suscite toute la haine du monde, ou dévoile toute la capacité humaine à haïr. Parce que pour traiter cette haine il faut bien la révéler? Pour résister? Pour maintenir la mémoire vivante? Pour conserver la continuité des lignées? Pour honorer sa lignée? Pour préserver la biodiversité humaine?
Pour la subjectivité, je n'ai pas grand chose à envier au Prof. Yalom.


Tuesday, 1 April 2014

Poissonnerie Ordralfabetix


Depuis la publication de photographies traumatisantes d'Astérix et Obélix faisant le geste de la quenelle, on serait tenté de cesser toute référence au grand oeuvre de MM. Goscinny et Uderzo. Ce me semble aussi utopique qu'injuste. Astérix et Obélix ne sont pas restés chez les Goths, même si des nostalgiques du III Reich ont cru pouvoir s'emparer d'eux. L'un de leurs deux papas a fait sa bar-mitzvah en Argentine et perdu 3 oncles à Auschwitz et Pithiviers, longtemps avant de partir reposer dans le carré juif d'un cimetière provençal. Je ne vais pas renoncer à cet héritage cultural et à des références à tout faire.


Poisson vrai ou faux, frais ou saur, la tradition semble ancienne.
Origine possible: le changement de la date du premier jour de l'an et de l'échange de cadeaux correspondant. Charles IX constata, lors d'un voyage dans son royaume, que l'année était supposée commencer, selon le diocèse, soit le 25 mars, fête de l'Annonciation (comme à Vienne et dans bien d'autres villes, conformément au calendrier Julien), soit à Noël (à Lyon...), soit à Pâques. Le roi signa en 1564, à Roussillon, l'édit du même nom, qui n'entra en vigueur qu'en 1567.  L'édit comporte 42 articles, et c'est le 39e qui stipule que l'année commencera désormais, dans le royaume de France, le 1er janvier, jour-anniversaire de la circoncision de JC. De nombreux sujets de sa majesté tardèrent à entrer dans la modernité, et continuèrent à s'échanger des cadeaux le 25 mars et les jours suivants. Pour les moquer, on leur aurait offert de faux cadeaux. Les présents, à l'époque, étaient essentiellement alimentaires; en respect du carême on aurait donc offert des poissons.
Autre possibilité: pour se moquer des pêcheurs désœuvrés par l'interdiction de la pêche en période de frai, on aurait accroché des harengs dans leur dos.


Début XXe on produisit de fort jolies et variées cartes postales: le fait d'envoyer un poisson d'avril était signe d'amitié, d'affection, d'amour. Envoi des meilleurs souhaits pour la nouvelle année julienne, en somme.




Quelqu'un pourra-t-il m'indiquer le sens de la petite étoile à six branches au bas de la carte postale suivante?


Le poisson d'avril, espèce invasive?
Vous aurez constaté que des entreprises telles Google, Nokia, Twitter s'y sont mises. Dans le monde anglo-saxon, la journée correspond au All Day's Fools ou April's Fools. D'autres correspondances existent dans le monde hispanique (en commémoration du massacre des innocents, on fête les candides...), en Pologne, en Scandinavie, en Inde, en Iran (le très ancien Sizdah Bedar).
Une lointaine origine commune pourrait être cherchée dans les réjouissances de la fête d'Hilaria (Rome antique... origines grecques possibles!).

Souvenez-vous, l'an dernier Carambar suscita un tollé en annonçant la suppression des blagues sur les papiers... Roselyne Bachelot très attendue en James Bond girl... la saga érotique de Valérie Trierweiller censurée par Paris-Match (elle peut se mordre les doigts de ne pas l'avoir écrite!), le déploiement par la Poste d'une vingtaine de drones en Auvergne pour livrer le courrier, l'abandon de son alphabet par la Grèce au profit de l'alphabet latin dans un souci d'économies...
Le Huffington post québécois a livré il y a quelques jours sa liste des meilleurs poissons d'avril de l'histoire, "de l'avion à propulsion pulmonaire aux spaghettis poussant dans les arbres en passant par le hamburger pour gauchers". S'il l'avait fait aujourd'hui on n'y aurait pas cru. L'histoire du transfert de Maradona au Spartak Moscou, reprise par l'Associated Press au motif que les soviétiques n'avaient jamais fait de poisson d'avril de mémoire d'AP, était assez savoureuse.
Prenez un moment, cela fait partie de l'Histoire du XXe siècle.

Espérons un bon cru cette année. Cliquez vite sur les liens!

Commençons avec Montpellier-plage...



Les listes dévoilées par erreur (est-ce que la fausse liste de juifs séfarades éligibles à la naturalisation espagnole aurait fait des petits?):

La mode démocrate, Bill Clinton s'y met aussi.
Offre exclusive de Groupon Australie: rencontrez la famille royale en tournée et pouponnez bébé Georges.
Le mouton à 6 pattes, plus économique.

Adieu casse et coquetiers: on a trouvé la recette des œufs carrés.

Panique à la gare de Wolverhampton: un changement de nom bizarre.



Découverte d'un mammifère marin nouveau, le manaphin:

Linked'in complète les propositions de personnes que vous pourriez connaître: cats you may know.
Linkedin CYMK



From Warburton on FB: "Morning! We’re really excited to announce our expansion plans to build a brand new office in London. Here’s an artist impression of us ‘sandwiching’ the Gherkin - what do you think? 
Tell us below what other Warburtons products you think we could use as inspiration for our final design!"


Jusqu'ici peu de poissons pourris, donc. Sauf celui que me fait mon poussin depuis 3 ans, et celui que j'ai découvert, posté avec quelque avance, sur FB.

Le premier:


Le second, plus que pourri si c'est possible, accuse les Rothschild (et dans certaines versions les Illuminati, les Etats-Unis, évidemment, etc.) de la disparition du vol MH 370 de Air Malaysia. Pour une histoire de brevet. Constante de toutes les versions: la dynastie de "banquiers internationaux d'origine juive". Et oui, il existe des All year's fools, nourris plus ou moins consciemment des protocoles des SS et de mein kampf (pas Combat, qui a été dirigé par un Henri Smadja!). Pas nouveau mais affligeant. Surtout s'ils doivent être fêtés dans le monde hispanique comme les héritiers des "saints innocents". Parlons un peu de conspirationnisme: la théorie est développée, entre autres, par un soi-disant défendeur de la terre. Certains écolos aiment le fumier humain le plus toxique qui soit. C'est aussi ça, le problème de la Terre. La théorie est également développée par un parano anti-cravates, ici. Je ne vais pas citer tous les psychotiques, psychopathes ou sociopathes qui se sont intéressés à ce hoax. On en a trouvé même parmi des personnes supposément dotées de sens critique, sur la "première ressource francophone sur les canulars du web", mais une majorité rationnelle et informée a tranchée: "canular" (ni drôle ni bénin...).