Les 26 et 27 avril prochains aura lieu le 15e parcours d'ateliers d'artistes de Montpellier.
15 ans...
Les Journées portes ouvertes d'ateliers d'artistes à Paris sont sans doute plus anciennes, et multiples (par arrondissement...). Mais quelle importance? Le parcours montpelliérain est riche et diversifié. Les artistes parisiens ne sont pas meilleurs que les autres, ils sont plus nombreux, et connaissent d'autres tendances, d'autres inspirations, d'autres lumières. Différents, tout court.
S'il existe des courants universels dans l'art, ils sont soumis à des variations régionales... et personnelles. C'est ce que les parcours permettent de vérifier. Il existe, heureusement, plus de parcours d'artistes que de parcours d'ateliers d'artistes.
Un exemple...
En sortant un jour récent de chez Mademoiselle & Chocolat, rue Roucher, avec un nombre que je ne préciserai pas de tranches de saucisson au chocolat, j'ai été attirée par des cadres de bois près d'une porte, quelques mètres plus loin. Je ne les avais encore jamais vus ou remarqués. Ils contenaient des livres d'artiste: dessins et poèmes se répondaient le long d'un livre accordéon. Et quels dessins... des visages d'enfants délicieux qui se révèlent être des visages de poupées - premier trouble. Rien à voir avec les poupées de Hans Bellmer, il n'y a là ni érotisme ni politique (Bellmer a réalisé sa première poupée en 1934, pour manifester avec cette créature modulable (quatre hanches...) qu'il ne voulait plus rien faire d'utile à l'Etat - on était loin de la jeune aryenne). Ces poupées-là sont des bébés, des substituts, des ex-voto, elles sont tout sauf inanimées, au contraire elles ont beaucoup à dire. Derrière une vitre, sous un escalier, un tableau... la mise en scène de cette vitrine appliquée par un doigt géant qui avait laissé une empreinte bleue attirait, elle aussi. Une autre facette, un contraste intrigant.
L'occupant des lieux m'a invitée à entrer et j'ai ainsi rencontré Raphaël Ségura.
C'est un sacré honneur, d'entrer sans être attendu dans l'antre d'un artiste, parmi ses travaux en cours et achevés, huiles, aquarelles, dessins, outils, les livres de ses œuvres, ses livres, ses objets.
C'est un sacré parcours que j'ai découvert là. La Loire, Montpellier, Paris, la Réunion, l'Ile Maurice, des départs et des retours, des collaborations poétiques, des séries passionnantes - des détails de paysages organiques (fragments de paysages imaginaires), voluptueux; des bouquets de couleurs sur les îles (Il était une fois... sur la Réunion, etc.); des ciels bleus explosifs sur des paysages saturés de lumière (Chemin faisant), une Séranne bouclée de chênes (dessins à la plume avec une série de poèmes de Jean Joubert), une rare vision de Sète en noir et blanc, au lavis (avec un texte de René Escudier), mettant en évidence vents et reflets...
La visite du site web m'apporte d'autres envies: voir les parties de cartes ou la correspondance imaginaire, revoir l'hommage aux belles créoles... Mais surtout, l'attente prédomine: comment sera la prochaine série?
A qui n'oserait pas demander une visite... M. Ségura n'impose à personne d'acheter un grand tableau. Il est l'amabilité faite homme. On peut attendre et réfléchir. On peut vouloir connaître son itinéraire, ses textes. Cet ancien enseignant est très abordable, et bien connu à travers ses participations aux manifestations artistiques et poétiques, voire littéraires. Explorez, voyagez...
Mais ne résistez pas aux livres d'artistes et cartes, il ne faut pas TOUT regretter.
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