La Comédie du Livre a changé...
Un agenda plus intense de rencontres (petits-déjeuners dans la cour de l'hôtel particulier Baudon de Mauny, brunches à la Panacée, rendez-vous au Corum, au centre Rabelais, et autres) et débats (le roman noir, la littérature de jeunesse, l'Islande en crise, etc.), des ateliers pour enfants (assez grands) et adultes, des propositions de participation via twitter et facebook semblent motiver le public. L'organisation des stands également a été revue - davantage de caisses, des barrières devant éviter trop de fuites de livres non payés; moins de petits éditeurs, représentés avec leurs auteurs aux stands des libraires; une organisation plus thématique, des espaces mieux articulés (pourrait-on agrandir et sécuriser l'espace enfants, au lieu de tous les envoyer jouer dans le square de la musique, qui a rarement connu une telle affluence et de telles acrobaties?). Les brochures sont alléchantes, et la qualité des littératures scandinaves ont sans doute aussi attiré les lecteurs.
Sélection (lacunaire) pour les retardataires:
- Parmi les auteurs historiques, aller voir Maj Sjöwall et Jørn Riel;
- Pour le roman policier, voir Arnaldur Indridason, Árni Thórarinsson, et Maud Tabachnik;
- Pour l'anticipation littéraire, Johanna Sinisalo et son roman sur les abeilles; son premier roman, "Jamais avant le coucher du soleil", est également excellent.
- Pour la très belle littérature islandaise moderne, Audur Ava Ólafsdóttir et Jón Kalman Stefánsson;
- Pour la BD, la très jeune et très intéressante Suédoise mais parfaitement francophone Joanna Hellgren, et sa très sensible et subtile trilogie "Frances".
- Pour l'histoire, Michaël Iancu (Les Juifs de Montpellier et des terres d’Oc. Figures médiévales, modernes et contemporaines),
- Pour un roman historique, Véronique Chouraqui, "D'un rouge incomparable"
Conseil personnel: prendre un ou deux livres chez chaque auteur scandinave afin de se faire une idée globale de la littérature scandinave, mais ce sans oublier de se plonger dans les grands classiques: les sagas; "Les cloches d'Islande", de Laxness (puis tout le reste de son oeuvre), "Le chemin du serpent", de Torgny Lindgren...
Et sans oublier que toute l'Islande n'a pas fait le déplacement. Lisez sans dédicace "Entre les arbres", de Gyrðir Elíasson; "Pendant qu'il te regarde tu es la vierge Marie", de Gudrun Eva Mínervudóttir; "Karitas", de Kristín Marja Baldursdóttir...
Maud Tabachnik |
Pierre Duba |
Jørn Riel |
Jón Kalman Stefánsson |
Jens-Christian Grøndahl |
Jean Joubert et Véronique Chouraqui |
"Espace" enfants... |
Joanna Hellgren et Lars Sjunnesson |
"Le chemin du serpent", de Torgny Lindgren, est un roman aussi puissant que bref, qui pose la question du mal sans y répondre. Alors qu'un attentat a fait trois morts dans le musée juif de Bruxelles, et peu après le congrès antisémite plus ou moins raté en Belgique, on peut penser qu'un roman comme celui de Lindgren pourrait lui-même faire du mal. Le serpent, chez lui, est un commerçant, son père, son sang. Le commerçant croit faire ce qu'il doit faire, citations bibliques à l'appui; mais il accroît ses terres en profitant des mauvaises récoltes et des hivers durs, fait des petits paysans ses locataires endettés, fait régler les factures aux femmes, en nature...
Que va en penser un lecteur au premier degré, peu cultivé, peu réfléchi?
Verra-t-il en cet impitoyable créancier son ancêtre, le "père inconnu" de multiples lignées, ou par facilité l'autre, l'étranger, éventuellement le père qu'il faut 'tuer' (il ignorera naturellement ce que la psychanalyse entend par là), voire le Juif?
Donner des perles aux cochons peut les rendre mauvais.
Ce musée de Bruxelles, je l'ai visité il y a quelques années. C'était au printemps, hors vacances, un jour de semaine. Il n'y avait quasiment que moi, quelques membres du personnel ou bénévoles. A mes yeux, c'étaient des nordiques. Je ne retiens pas les histoires juives, mais l'une d'elle parle d'un juif européen dans un pays asiatique, qui cherche une synagogue. On lui en indique une, il s'y rend... Le rabbin porte le vêtement traditionnel du pays et a peut-être les yeux bridés. Vous n'avez pas l'air d'un rabbin, dit le voyageur. Vous n'avez pas l'air juif, répond le rabbin.
Cette haine imbécile, cette inconscience des antisémites, je pense qu'il faudrait les étudier et les comprendre pour les prévenir. Qu'on les dissèque? Vidéo à voir pour commencer à réfléchir.
No comments:
Post a Comment