Il est des lieux à part en toute ville... A Montpellier, c'est le cas de l'enclos Tissié-Sarrus. Je ne doute pas que la talentueuse peintre qui y a installé il y a quelques années son magnifique atelier n'ait été sensible à quelque magie particulière. Je me permettrai donc un préambule historique...
L'enclos se situe sur une parcelle qui, au Moyen-âge, relevait de l'abbaye de Valmagne. L'abbaye, relativement éloignée (plus de 30 km), y a établi un collège de théologie vers 1263-1265. Quelques siècles plus tard, il semble que le faïencier Ollivier y établit une Manufacture royale: on a retrouvé des débris de faïences, lors de la construction de la banque de France, dont la quantité et la qualité amènent à le penser.
L'enclos est aujourd'hui un assez vaste ensemble d'habitations assez somptueuses du XIXe siècle, pourvues de jardins, à l'arrière des locaux de la Caisse d'Epargne. Une villa appartient au Ministère de la culture, une autre abrite une association rosicrucienne, et le fond de l'enclos est occupé par le collège Saint-François-Régis. La famille dont il tient son nom était quant à elle protestante... mais aussi importante dans les domaines financier et artistique, d'où une certaine cohérence.
André Tissié (1780-1866) a commencé une carrière de professeur de mathématiques à Toulouse, Rodez puis Montpellier. Il épousa en 1809 Françoise Fanny Sarrus ( 1780-1878), et quitta bientôt l'enseignement. Associé à Jacques Bruyas, il créa la "maison de banque" Tissié-Sarrus (rue du Grand Saint-Jean), qui devient rapidement le principal établissement bancaire de l'Hérault. Il était également propriétaire terrien et peintre: le Musée Fabre possède deux de ses toiles.
Son fils Louis (1819-1881) était un ami très proche d'Alfred Bruyas, le fils de Jacques Bruyas, mécène de Gustave Courbet et grand collectionneur de peinture. La fille de Louis, Suzanne (1847-1881), épousa en 1867 Marcel Bazille, frère du peintre Frédéric Bazille.
Nathalie Le Gall connait les Tissié, Bruyas, Bazille, et autres figures de l'histoire artistique montpelliéraine et du musée Fabre. Elle leur a rendu un bel hommage!
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Nathalie Le Gall |
L'ange Déchu, Alexandre Cabanel |
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La Toilette, Frédéric Bazille |
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La rencontre, Courbet |
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Portrait d'Alfred Bruyas, Glaize |
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Vertumne et Pomone, Raoux |
Il faut dire que Nathalie Le Gall est une artiste assez complète. Elle a suivi des cours de dessin, modelage, peinture, fusain, depuis l'âge de 11 ans, en banlieue parisienne puis à Paris, auprès de professeurs dont beaucoup étaient des lauréats de prix de Rome. Parfaite maîtrise technique, donc. Etudiante aux Beaux-arts de Montpellier en 1998, elle fut chargée de réaliser l'affiche officielle de la Coupe du monde de football... Cette commande lui valut notoriété et finances, lui permettant de s'établir en tant qu'artiste.
La vie d'artiste n'est pas simple pour autant. Il faut du temps pour se trouver, dans le maquis des possibles, et encore du temps pour être trouvé par ceux qui vous apprécieront... Nathalie Le Gall n'a pas perdu de temps. Je me souviens d'une belle exposition salle Saint-Ravy en 2006. Elle continue à peindre des ports industriels, mais son travail semble aujourd'hui plus divers, plus apaisé, plus épicurien, plus assuré.
Nathalie Le Gall présente plusieurs séries d’œuvres dans son atelier. Des nus colorés, vivants, des paysages maritimes baignés de lumière, des geckos, beaucoup plus modernes...
Ce merveilleux hommage croisé à Gauguin, Matisse et Cézanne, avec une sensibilité différente... Délice pour les yeux et l'âme...
Les clients et élèves (elle donne des cours de dessin, croquis, peinture, illustration, mosaïque...) devraient profiter du présent tant qu'ils peuvent. Le temps et les talents de la belle artiste pourrait bientôt être très recherchés.
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