Friday, 18 April 2014

Montpellier, boutiques

La politique des maires locaux a souvent été de développer les grandes surfaces et centres commerciaux. Les habitations dans des cités/quartiers/villages dortoirs, les lieux de travail dans des "pépinières d'entreprises", les commerces dans des centres commerciaux. Le Polygone, inauguré en 1975 et agrandi en 1992, a été novateur dans la région, et il a été relativement inoffensif: construit sur un ancien champ militaire, aux portes de l'écusson, près de la nouvelle mairie et de bâtiments de bureaux, dont les employés pouvaient ainsi se restaurer et s'approvisionner sans se ruiner. Durant mes années au collège/lycée Joffre, lorsque j'ai eu épuisé le fonds de la bibliothèque-centre de documentation et en dehors de la saison des mûres près des terrains de sport, j'allais m'y réfugier lors des grèves ou absences de professeurs. On pouvait y refaire le monde au chaud dans un café. Il y avait même un cinéma. Il y avait davantage de cinémas en ce temps, ils étaient moins grands, voire petits, ils appartenaient à des sous-espèces nombreuses et variées.
Après le Polygone du maire François Delmas, il y a eu l'Odysseum de Georges Frèche. Le choix des noms me semble révélateur d'un goût néo-antique et d'un certain expansionnisme... L'Odysseum a confisqué la patinoire - elle se trouvait à l'origine en face du zoo, sur un terrain devenu parking. Les commerces et les loisirs se mêlent. Les loisirs sont chers. Murs d'escalade, salles de sport, patinoire moderne, multiplexe, aquarium, etc. Il faut vraiment vouloir suivre le mouvement pour ne pas développer d'agoraphobie (peur des places publiques, des espaces ouverts) ou d'ochlophobie (peur de la foule considérée comme oppressive). On y prend un bain de foule, un bain de bruits de voix, un bain d'étiquettes de prix, de biens de consommation, de racolage. On y pense de façon binaire: non/oui, cher/affaire, laid/beau. On y navigue au gré des courants de foule, en quittant un pour s'insérer dans un autre, et des itinéraires élaborés par les concepteurs des espaces pour tout montrer...
Parmi les symptômes des phobies suscités apparaissent la dépersonnalisation ou déréalisation. On devrait dire plus précisément que le symptôme de la phobie est la conscience et le rejet de la dépersonnalisation et de la déréalisation.

J'ai vu disparaître trop de lieux charmants au centre-ville pour m'enterrer dans des fourmilières invivables (on ne s'y repose pas, on n'y dort pas, on ne s'y lave pas, on n'y lit pas, on n'y apprend pas, on n'y invente rien, on n'y aménage rien, etc.).

Donc... voici une proposition de balade dans l’Écusson de magasin en boutique.

Préalable: LA boulangerie. Celle de la rue Jean-Jacques Rousseau offre des pains variés et excellents, de vrais  croissants au beurre, des cakes, des chaussons aux framboises ou au citron délicieux, d'énormes parts de tartes riches en légumes... très bon rapport qualité-prix, et elle garde son authenticité, quand tant d'autres, rue Saint-Guilhem ou rue Delpech, perdent/vendent leur âme.



Boutique plus récente, mais attachante: la Juperaie, rue Roucher. Très jolies jupes, robes, gilets en tissus africains ou de Java... Les coupes sont assez classiques mais de grande qualité, les tissus sont de vraies cotonnades, solides, et les couleurs ne bougent pas. Les vêtements de coupe occidentale en tissus africains vont finir par être à la mode, regardez Stella Jean! L'originalité de la Juperaie, c'est... les mélanges de tissus (couleurs et motifs) joyeux et de bon goût, les applications de motifs comme sur la jupe ci-dessus, les prix, très raisonnables pour des exemplaires uniques/sur commande... La boutique-atelier est petite mais magnifique (pierre, bois, galets), et Emilie Doizy, la styliste, est charmante. Elle participera au défilé Roch'n Mode, comme chaque année depuis son arrivée à Montpellier. On la trouve aussi sur Facebook...

De là, on peut faire le circuit des ateliers-boutiques du quartier Saint-Roch. Chacun ses goûts/choix/besoins, mais outre la Juperaie il ne faudrait pas rater Cubik, puis Zoïd, Henri Mouraire, Mir'A, les Mitouls et En Traits Libres. Pour la brochure, un clic!


Mademoiselle & Chocolat: du chocolat pareil, c'est bon pour la santé.
Il fait trop chaud pour des chocolats chauds, voire pour la fondue (encore que...), mais jamais pour le saucisson au chocolat (fourré de pistaches, amandes fraîches, etc.), et les glaces seront bientôt tout à fait indiquées. Glaces artisanales bien entendu, avec un large choix de parfums (un peu orienté chocolats), et un coulis chocolat...
Autres plaisirs du lieu: regarder la spécialiste travailler le chocolat, le remuer, l'étaler, le sculpter... et humer. C'est beau, le chocolat "vivant". Plus ou moins fluide, plus ou moins transparent.
Attention, c'est un bar à chocolat, les ballotins ne sont pas la spécialité du lieu. Pour ça, aller chez Puyricard, au Diamant noir et/ou chez Thierry Papereux. Ils ont aussi des tablettes, mais les meilleures tablettes sont celle de Bonnat, chocolatier à Voiron, en vente chez "Si le thé m'était conté" ou chez Fabienne, Au Petit Grain (avec du café et des vins doux ou pas...), juste entre l'Heure Bleue et Pomme de Reinette...


Faire une pause au Bookshop  rue du Bras de fer... Bonne librairie (neuf et occasion), accueil multilingue, public souriant, cafés/thés et smoothies en été. 
Il fut un temps où Montpellier était plein de librairies. La Séranne, Moustache et Trottinette, Planète... et de vieilles librairies, dont une extraordinaire avec une propriétaire extraordinaire, qui montait en mini-jupe chercher ce qu'il vous fallait au rayon le plus élevé - j'ai le souvenir d'étagères en bois ouvragé sur tout le tour plutôt que de genoux de Claire, mais il se peut que la mémoire soit trompeuse. Je n'aime pas être cantonnée aux livres neufs, depuis que les Inrockuptibles et les magazines littéraires ne me donnent plus d'envies suffisantes pour acheter les livres vierges d'empreintes et de regards, donc au prix fort. Il reste, tout près de l'Ecusson, le Bateau Livre, rue des Soldats. Même pas répertorié sur les pages jaunes. Plein de choses, pour tous. Les vieux exemplaires des Contes de Gründ qu'on achetait neufs chez Planète, avec les magnifiques illustrations d'artistes tchécoslovaques, des romans, des livres d'histoire, de philo, etc. Peu de ces ouvrages rares et chers dans le commerce desquels se sont spécialisés tant d'anciennes librairies d'occasion - qui du coup n'ouvrent quasiment plus aux badauds puisque le commerce se fait par internet et voie postale.






Ah, les ampoules... il y a une très jolie pharmacie en haut de la rue Saint-Guilhem, la pharmacie de l'Ecusson, qui propose l'indispensable, et les merveilleux produits de l'Officina profumo farmaceutica di Santa Maria Novella, fondée en 1612 à Florence (vérifiez donc!).
Si vous ne voulez pas acheter votre parfum ici, passez à Qu'importe le flacon, rue du Petit Saint-Jean, ou cherchez du Fragonard au Fabuleux Bazar, rue du Cheval Vert: parfums rares, artisanaux, évocateurs, garantis non synthétiques, conseil avisé, et on vous laissera le temps d'aller sentir ailleurs comment ils évoluent sur vous... Il y a une intéressante fromagerie tout près, mais si vous craignez que ce ne soit pas le lieu où apprécier une eau de parfum, allez passer un moment, par exemple, au Petit Chaperon Vert. On a toujours un cadeau à faire à un enfant. Non? Le mien ne dirait pas non. Il y a de jolis T-shirts, des jeux d'éveil, de construction, de jardinage, des jeux en bois ou en carton, des jeux créatifs pas gnangnan... 





Profitez-en pour changer de chaussures. Les espadrilles, c'est beau, c'est bio, c'est sain. Je prendrais bien les rouges à lacets, d'ailleurs. Boutique Espadrilles et Panama.



Boutique Virginia Nat', rue du Bras de Fer. Des produits bio, y compris les adorables et tout doux vêtements pour bébés et enfants du Labo de Lisa.
Pour finir d'habiller Junior, il y a les boutiques vintage (seconde main) approvisionnées par des familles de Saint-Gély du Fesc, Montferrier, Saint-Clément de Rivière... Le dépareillé c'est très bien, et n'oublions pas que les indispensables Kickers et Aster ne s'achètent pas d'occasion et coûtent pas mal...



En Traits Libres, et ci-dessous une fresque réalisée par les artistes du groupe... Les fanzines et bd que j'ai eu l'occasion de parcourir ne m'ont pas séduite, mais les dessins, collages, gravures, peintures... sont bien. Et l'on peut rencontrer leurs auteurs. Pas de vendeur professionnel. Pré-visite virtuelle? par ici!


Pour les BD, allez chez Azimuts, rue Saint-Guilhem.


Bonne librairie pour enfants, Némo. Il y a des rencontres, dédicaces, expos, comités de lecteurs, bébés lecteurs...
Si vous ne trouvez pas le titre précis que vous voulez, ou que vous cherchez plus de disponibilité... il y a Contes et Éprouvettes, librairie itinérante (sur les plus jolis marchés de la région). On peut trouver son agenda et son catalogue, l'inviter ou réserver un livre, sur son site.
Et non, je ne parle pas de la Fnac ni de Polymômes. Tout le monde connait, il n'y a pas de conseil, pas de petits éditeurs... Si l'on veut une grande librairie, mieux vaut Gibert sur la place de la Préfecture, il y a des libraires, des livres à tout prix et des raretés/ouvrages épuisés.


Pomme de Reinette (de 5 à 150 ans) et Pomme d'Api (pour les autres)...
Pomme de Reinette est à classer au patrimoine. Je n'en dirai pas plus.
Bon, je consens. Faites une visite en 3D et laissez-moi la place.





Au rez-de-chaussée du superbe hôtel Baudon de Mauny, qui propose par ailleurs des chambres d'hôtes superbement chic et chères, un salon de thé / restaurant / boutique à connaître: l'Heure Bleue. La carte est parfaite, le café turc, les citronnades-maison, les thés, les assiettes-repas sont tous délicieux. Le décor est dépaysant, et tout est à vendre ou presque. Les propriétaires sont bons chineurs.

L'Heure Bleue est exceptionnelle, mais si vous ne cherchez pas à plonger un long moment dans un univers poétique et hors du temps, ou que vous avez horreur des grandes bourgeoises et de l'opéra, vous trouverez d'exquises assiettes-repas (produits frais du marché, bien mariés, superbe rapport qualité/quantité-prix) au Bonheur des Tartes.
Si vous cherchez une cantine, celle des professeurs de la Faculté de Droit et du rectorat fera l'affaire; elle s'appelle l'Onion Givré et se trouve rue de l'Université. Très bien aussi pour les femmes enceintes (buffet à volonté) et les végétariens.

Presque en face de Pomme de Reinette, l'herboristerie La Quintessence. Elle a enterré la plupart des commerces montpelliérains (dont quasiment toutes les librairies du cœur de ville), preuve que ses remèdes sont efficaces. On s'y fait faire une infusion sur mesure en décrivant ses symptômes, c'est merveilleux. Tant qu'à faire, on y trouve aussi de très bons thés. Les produits non faits sur place sont d'excellente qualité: huiles pures. On s'y sent comme dans une pharmacie qui serait indépendante des grands laboratoires, de la publicité, et ne vendrait pas de génériques, chez un pharmacien-prescripteur.




Autre lieu sympathique, le Patchenco: mercerie, atelier de couture, patchwork, tricot, crochet, et lieu d'échange, bref, lieu de vie.


Maintenant... il y a des nouveautés tout le temps!

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