Mon Pellier: La cabane trempée a 20 ans

20 ans!

En mai 1994, la brune Gisèle Cazilhac aurait convaincu son comparse des Beaux-Arts Denis Leenhardt d'organiser des expositions de peinture dans l'ancienne cabane de pêcheur qu'il tenait de son arrière-grand-père, sur la Salaison, au bord de l'étang de l'Or. Les intéressés racontent l'aventure et ses péripéties sur le site de la cabane. Les expositions se sont d'abord tenues en juillet... puis on est passé à mai, avec l'avantage d'éviter ainsi de nourrir des générations de moustiques, de permettre aux Montpelliérains de prendre des vacances, de ne pas détourner les touristes de la rôtisserie industrielle toute proche, de profiter des jolis ponts et de conditions météorologiques quasi-optimales (faibles risques d'averses type épisode cévenol, de canicule voire simple sécheresse (tout le monde n'apprécie pas la malaïgue, même si elle est moindre que sur l'étang de Thau et on pourrait s'intoxiquer avec des moules à l'apéritif)...).

Depuis 1994, le nombre des participants a considérablement augmenté. Certains se succèdent désormais, mais on réussit à partager l'espace entre 20 ou 30 artistes. On trouvera un coin de jardin pour Gisèle Cazilhac, une pièce pour Denis Leenhardt, la façade pour Pôp, un mur pour Victoria Denim, un autre pour Sandra Vérine, un autre pour Maurice Garagnani, un arbre pour les brus de Dédé (Bénédicte Albouy), une table pour Marion de La Fontaine ou Marie Couchinho... de petites installations de Bertrand Lecointre aux fenêtres ou sur l'herbe, des micro-peintures sur petits cailloux de Jacques Ducatel sur une planche, ailleurs des objets de Terra (Tout en Récup' Recyclage artistique), etc.

Le résultat? Joyeux et convivial.

Chacun sortira avec une impression différente, ravi par des encres raffinées, des plages colorées vues d'oiseaux, des aquarelles ravissantes, une dessinatrice prometteuse ou un inventeur d'objets étonnants, peut-être déçu par des huiles manquant de finesse ou des nus semblant maladroits... mais avec beaucoup plus de chances d'être ravi que d'être déçu, promis.

Informations et conseils pour qui ne connaîtrait pas:

- Ouverture à partir de 14 heures les samedis, dimanches et jours fériés,

- Café, thé à la menthe et autres subsistances fournis par Houria pour un prix convenable,

- Programme des concerts et "lâchers de clowns" à consulter sur le site,

- Se garer aux lieux indiqués et MARCHER ou prendre le vélo!

Si les cabaniers ont choisi ce lieu, si les aigrettes, hérons, flamands roses, ragondins, avocettes & co ne nidifient pas dans les platanes du Peyrou ou sur les toits du Palais de Justice, il y a une raison. Ils n'ont pas spécialement envie de voir des citadins et sont allergiques aux bruits et odeurs de moteurs.

On les comprend.

- Prenez vos jumelles et zooms, de bonnes chaussures, quelques barquettes de fraises (chez les producteurs juste avant d'entrer dans Mauguio par exemple), et profitez de l'occasion pour faire une petite randonnée. Sur le sentier du cabanier, vous en avez pour 2 heures...

- Ne jetez pas de déchets!

- Le laurier-rose est empoisonné: à éviter en bois de barbecue (le barbecue sauvage est interdit de toutes façons) ou aromate pour ratatouille.

- Ne donnez pas de nourriture aux chevaux, ils vont attraper des fourbures.

- N'essayez pas de caresser le taureau,

- Fichez la paix aux chats, les canards les embêtent assez comme ça.

C'est fondamental: respectez vos hôtes, pas seulement les artistes mais toute la population locale, bipède, quadrupède, ailée, à nageoires, etc. Respecter les artistes, c'est d'ailleurs aussi ne pas les mettre en délicatesse avec leurs voisins. Et ne pensez pas que seuls les bo-bos sont éclairés en ce nouveau moyen-âge.

Chers "bourgeois bohèmes" plus bourgeois que bohèmes, sachez que les néons, spots, phares, lampadaires, petites lucarnes et feux d'artifice, voire les LED, éclairent moins l'esprit que la lumière lunaire et stellaire. Voir par exemple: astronomie grecque, et se renseigner sur les exigences architecturales des artistes pour leurs ateliers...

Chers "bourgeois bohèmes" plus bohèmes que bourgeois, sachez que les bohémiens ne sont pas des vandales (voir Vandales (les caractères positifs soulignés par Wikipédia sont une concession politique aux descendants illégitimes des Vandales en Europe et Amérique latine, notamment à travers les Nord-africains et les Espagnols), Bohème, empereur Rodolphe).

Les cabaniers et les volatiles sont des êtres fiers et secrets. Sachez que les cabaniers descendent des redoutables mais illustres Terramares, et qu'une fédération est à l'ordre du jour. Cherchez la définition du terme foedus. Vu?

J'ajoute encore quelques photos pour illustrer la différence entre les modes de vie.